Un Noël différent...

Publié le par Tazouphi

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Chaque année j’attends Noël avec l’impatience d’une enfant. Chaque année je rêve de magie, d’un Noël où l’esprit de famille ferait oublier toutes les querelles passées. Chaque année je regarde les jours s’écouler et plus la date approche, plus l’angoisse monte…

 

Je ne me suis jamais remise du passage à l’âge adulte,  ce passage de l’autre côté du miroir…

 

Avant, je ne voyais que la magie qu’on m’offrait. Les décorations qui ornaient la maison dès début décembre, la crèche que l’on gardait pour la préparer le premier dimanche des vacances… Les friandises qui ornaient les plateaux et plats entre cuisine, salle à manger et salon au fil des week-ends de décembre… Puis les grands-parents, oncles, tantes, cousins qui emplissaient petit à petit la maison… Et puis, le jour J, la messe de minuit, traditionnelle et les cadeaux qui jonchaient le sol devant le sapin et plus loin, le lendemain…. Je regrettais presque d’ouvrir les cadeaux, ce qui signait la fin de l’attente, la fin de la surprise, la fin de la magie. J’aurais voulu les entasser et ne jamais les ouvrir. Qu’ils restent avec leur secret le plus longtemps possible…

 

Petit à petit, les choses ont changé. La famille s’est amoindrie au fil des années… Les aînés sont partis. D’autres ont changé de vie, oncles et tantes ont divorcé sur le tard, d’autres se sont exilés trop loin, d’autres ont coupé les ponts. De grandes réunions, nous sommes passés à six ou sept personnes… Les absents ont fini par prendre presque plus de place dans mon cœur que les présents… La messe est rapidement passée à la trappe, en même temps que le départ des anciens. Plus de loyauté à tenir…

 

J’ai fini par voir les tensions tout autour qui accompagnaient l’organisation, la réception des familles. Moins les Noëls étaient traditionnels et plus les tensions sont devenues vives… J’ai commencé à voir les yeux haussés de ma mère pour un oui ou un non et ses grimaces aux moindres conversations peu à son goût... J’ai vu les querelles de mes parents, tentant de partager la cuisine qui était le reste du temps le domaine réservé de ma mère. Je la voyais irritée de la moindre question de mon père. Je les voyais se houspiller durant tous les préparatifs. Mettant de la tension où il était censé régner de la joie.

 

Et, au-delà de tout, la place vide de cette sœur désormais absente, de son mari et de sa fille. La cassure poussée à son paroxysme, quand même les fêtes de famille ne suffisent plus à rassembler…J’ai vu les cadeaux faits à la va-vite à la dernière minute parce qu’une fille a été oubliée. Ou pire, les cadeaux identiques pour ne froisser personne… J’ai vu les cadeaux avant de les emballer, la veille au soir… J’ai vu les querelles, lorsque ma sœur voulait encore de nous, pour savoir si on ouvrirait les cadeaux le 24 au soir ou le 25 au matin, alors que les filles étaient déjà petites et que je voulais faire les choses le mieux du monde, et que tout le monde s’en foutait. « Elles sont trop petites pour comprendre ».

 

Savaient-ils que ce n’était pas seulement pour elles que je voulais faire de mon mieux ?

Avaient-ils compris que je voulais, moi, un Noël « comme avant » ? Comme lorsqu’on a les yeux qui brillent et le cœur qui palpite… Je rêve de Noëls de téléfilm où on se dit enfin les choses importantes et qu’on oublie toutes les autres… Lorsqu’on met un mouchoir sur ses soucis du quotidien et qu’on s’offre une parenthèse.

 

C’est surfait, je le conçois bien. C’est faux-cul, sûrement, pour d’autres. Mais ce n’est ni pour la tradition, ni pour faire plaisir à mes parents, ni seulement pour mes filles que je le souhaite comme ça. C’est pour moi, par moi… Parce que, pour moi, Noël a un vrai sens. Sans petit Jésus.. Je ne boude pas ma période où j'y ai cru mordicus. Et puis, parfois, la vie nous fait ouvrir les yeux. Mais Noël a cependant toujours gardé un vrai sens pour moi. Différent... Un sens de remerciement, de resserrement des liens familiaux autour d’une fête de fin d'année.

 

Et je me fiche du côté commercial, je regrette que la société matraque tant à cette période… Je voudrais que ce soit moins dehors et plus dedans. Je voudrais que tout le monde ait envie, autour de moi… Comme Phin et moi nous en avons envie. Parce qu’il n’y a pas tant de fête qui permettent cela.

 

Je suis restée cette petite fille qui passait des heures à rêver, à laisser monter la nostalgie, à attendre, quitte à être déçue ensuite par la réalité trop attendue…

 

Je voudrais un Noël différent. Un Noël où je ne verrais pas les grimaces de ma mère lorsque le « public » autour, ne lui convient pas (il ne lui convient jamais, de toute façon), ne pas entendre l’hypocrisie, ne pas voir son indifférence ou son intérêt feint pour mes filles (elle joue à la grand-mère…), ne pas entendre mes parents s’étriper à longueur de temps, pour un oui ou un non…

 

Je voudrais une parenthèse à notre image… Sans tension... Où l’on a conscience de chaque moment, de chaque instant et le vivre intensément comme quelque chose d’immensément précieux et riche. Riche même de rien, du minimum. D’être juste ensemble. Dans la simplicité, sans chichis, sans vouloir offrir un repas pantagruélique concocté dans la tension, les rixes et les petites vacheries bien lancées...

 

Permettre aux filles d’amasser des souvenirs pour plus tard, de petites étoiles dans les yeux, de rires autour de la table, de balades dans le froid après de bons repas en bonne compagnie avec leur famille et les gens qui les aiment, tout autour…

 

Parce que ça fait partie du rôle que je veux jouer pour elles, avec Lui…

 

 

Tazounette

 

 

 

 

 

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C
J'espère que vous avez passé un "Noël différent".<br /> Plein de bonnes choses à toi et ta petite famille, nul doute que 2012 va être remplie de bonheur pour vous!<br /> Gros bisous!
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B
J'ai compris que j'étais devenue adulte, le jour où mon mari et moi, nous nous sommes préparé un cadeau fictif au milieu des cadeaux de notre fils. Nous n'avions pas d'argent à dépenser pour cela,<br /> mais il n'aurait pas compris pourquoi le Père Noël ne nous avait pas apporté de cadeau.
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P
C'est une analyse très fine de la mort à petit feu de notre vision de noël. Je me demande, à te lire, si ce n'est pas ainsi pour la majorité.<br /> Enfant, nous n'avons pas à supporter le poids de l'organisation de noël. On vit, on consomme, on rêve, on espère...<br /> Et puis on grandit et le décors s’efface et la réalité prend la place. La famille pas si unie que ça, les cadeaux qui ne tombent pas du ciel, les tourments qu'on doit mettre de côté malgré tout<br /> pour continuer de jouer le jeu.<br /> Est-ce que nos parents ont vécu cette désillusion avant nous ?
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