Aleph...

Publié le par Tazouphi

 

typewriter keys

 

J’ai longtemps eu un a priori négatif sur les ateliers d’écriture. Avec cette certitude vissée au corps et à la tête que l’écriture devait être un labeur exercé dans le secret et la solitude. Si bien que lorsqu’on m’en parlait je trouvais un argument foireux à avancer que « non, les ateliers, c’est pas pour moi ». Persuadée qu’il s’agissait d’endroits propres à produire une écriture kitch, des poèmes à l’eau de rose de vieilles filles persuadées de produire du Baudelaire… Longtemps j’ai écrit seule, poursuivant une inspiration chaotique et capricieuse. Heureuse d’en profiter quand elle voulait de moi, frustrée de ne jamais pouvoir la garder, la faire durer, la canaliser. Et puis l’an dernier, le chemin arpenté pendant 20 ans m’a sauté à la gorge, devrais-je continuer ainsi à suivre des sautes d’humeur et des désirs de plume jamais parfaitement remplis ? La perspective d’un long chômage avec un profond désir de ne plus faire un métier alimentaire sans essayer au moins de « faire quelque chose » pour cette chose tapie au fond de moi depuis toujours. Que j’ai toujours écouté en silence, repliée sur ce rêve. Avec doutes, presque honte de vouloir quelque chose de si grand alors que rien dans le fond ne me dis que « c’est ça », si ce n’est ce bonheur criant que j’éprouve lorsque je suis parvenue à écrire de façon juste un ressenti, une impression, une idée, un souvenir…

 

En juin, percluse de doutes j’ai pianoté par hasard sur mon moteur de recherches préféré « école écriture créative ». Et la première ligne sur laquelle j’ai cliqué était le premier site proposé « ALEPH ». J’ai surfé sur ce site pendant peut-être une bonne heure… Cliquant sur les stages, les années proposées, les pages concernant la « politique », le « concept ». Une antenne à Lyon. J’ai fait dérouler une première proposition de stage « Oser écrire ». Lu ce qui en était dit. Et mon cœur s’est serré. Parce qu’enfin je lisais ce que je ressentais face à l’écriture, comme je ne suis pas du genre à hésiter pendant 20 ans, je me suis inscrite. Dans la foulée, j’ai envoyé le chèque d’arrhes.

 

Aujourd’hui, 10 mois après j’ai suivi 2 stages incroyables (« oser écrire », « initiation au roman ») et presque fini la « première année »…Difficile d’expliquer ce que cela m’apporte. Disons que c’est une porte ouverte, grande ouverte sur un rêve auquel j’ai toujours claqué la porte à un moment ou un autre. Laissant ma raison étouffer mes envies profondes « c’est pas le moment », « je dois gagner ma vie », « on ne vit pas avec ses rêves », « un rêve réalisé est un rêve de moins à nourrir », et autres satanées logiques qui font que jamais on ne se penche réellement sur ses aspirations profondes, qu’on tente vainement de les éteindre parce que faire ce pour quoi on est fait, tellement peu de monde le peut vraiment qu’on se dit que… Bref… Des milliers de raisons.

 

Pourtant le rêve reste là, entier et constant. Il nous revient comme un vieux refrain, une vieille copine qui nous dit nos 4 vérités qu’on n’aime pas entendre et à laquelle on ferme toujours la porte de peur de l’affronter enfin. Aujourd’hui et depuis quelques mois j’ai décidé de l’affronter et de comprendre ce que j’avais dans le ventre… J’aime passer la porte de ce tout petit endroit. Rencontrer des gens qui sont là pour d’autres raisons ou les mêmes et savoir que là, c’est un espace juste pour ça. Pour soi, sa plume, ses mots, les écrire, les lire, en discuter et partir, repue, fatiguée d’avoir pris du temps pour sortir ce que j’ai à l’intérieur. Des animateurs qui racontent leur parcours d’écriture, toujours chaotique, fastidieux et passionnants. Parce que ça me parle d’espoir. De possibilités. Ca m’ouvre le champ de perspectives d’une infinité de façons. Je m’ouvre, j’ose… J’ai compris de quoi était nourrie mon écriture et ce que j’avais à dire, comment je devais le dire. Je suis en train de comprendre ce que je veux vraiment écrire.

 

Ensuite j’ai lu, des livres conseillés, jusqu’à ce que je tombe sur « Ecriture, mémoires d’un métier » de Stephen King. C’est lui. Grâce à lui que j’ose. Je me confronte à mon rêve. Je suis les conseils judicieux qui me correspondent, ou sont en parfaites osmoses avec ma façon de travailler… Et j’y vais. Je pars d’une situation et j’y vais. Sans réfléchir. Sans intrigue préalable, sans idée figée de ce que je veux faire ou de ce que les personnages doivent faire. Je les laisse libres de choisir leur chemin. Je me laisse guider par eux. Chaque jour ou presque (en fonction de mes journées et de mes contraintes), disons le maximum que je peux… Je me mets devant mon écran et je continue ce que j’ai écrit la veille, sans y revenir. En laissant jaillir. En forçant les mots à venir même et surtout quand ils ont envie de se taire. Et j’aime ça. Mes journées prennent un nouveau rythme. Elles passent plus vite. Et je suis en joie. En joie d’être assise à ma table et retrouver ces gens que je crée de toute pièce et qui existent pendant ces 3 ou 4 heures de ma journée. Les sentir s’étoffer, grandir, prendre de l’aisance en même temps que moi. Je ne sais pas où cette route me mènera, même si elle me mènera vraiment quelque part. Et dans le fond, je m’en fous. Ce n’est pas ça le but. Le vrai but c’est la joie en toute chose, la créer au maximum de mes possibilités. Et je sais que c’est là, sur ma chaise, dans la maison vide, au milieu du chant de nos perruches que je l’éprouve le mieux. Comme si là, avec mes fictions que je nourris, j’écrivais quelque chose d’essentiel dans ma vie. J’ose me dire que c’est ça qui me rend heureuse ! Je ne veux plus me cacher. Je ne veux plus chercher un boulot qui ne correspondrait à rien. Je veux aller au bout. Au bout d’un seul projet. Me dire que je suis capable. Et je sais que ma vie à l’intérieur sera différente quand je l’aurais fait.

 

J’aime mon impatience à retrouver mon texte, mon histoire qui naît chaque jour davantage. J’aime mon impatience à Lui faire lire le soir la tournure que prennent les événements. J’aime ces surprises là. J’aime arrêter de réfléchir, penser, structurer, quand il faut se laisser aller, se faire confiance pour trouver au fur et à mesure le diapason de ses personnages… Elle est là ma vie. C’est comme ça que je veux la remplir, l’enrichir… Et j’aurais beau me mentir de mille façons, il n’y a rien d’autre pour moi sur cette terre que cette chose à accomplir. Mettre les mots que je porte en moi sur le papier… Quelque soit la direction qu’ils prennent. Quelque soit le but. C’est ce chemin-là que je veux arpenter. Celui sur lequel Phin me pousse depuis si longtemps…

 

 

Tazounette

 

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F
Voir mon blog(fermaton.over-blog.com),No-30. - THÉORÈME de la JOIE. - VOILÀ TON HÉRITAGE ?
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S
C'est un bonheur de lire que tu as trouvé le temps, le courage et la possibilité matérielle de vivre ton rêve pleinement. Et c'est un bonheur de constater combien cela t'épanouit et te rend<br /> heureuse, accompagnée et soutenue par Celui que tu aimes.<br /> Je t'embrasse.
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S
Je viens de lire ton article qui m'a fait sourire ;) Surtout le début, car comme toi, je ne me voyais pas dans un atelier d'écriture... Et pourtant, j'en ai suivi un l'automne dernier, enfin même<br /> deux. Et c'est depuis là que j'ai pris conscience que mon amour pour les mots était vraiment ma passion et qu'un jour je toucherai le rêve de les voir au format papier. Je vois qu'en France il y a<br /> plus de possibilité qu'en Suisse. En tout cas je te souhaite de tout coeur d'arriver à toucher ton rêve ;)
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S
Ca me parle tellement, Taz! Tellement... On en avait discuté, c'est quelque chose qui revient souvent chez moi aussi, et qui est revenu, là... Et à te lire, je sais que c'est ce que je devrais<br /> faire aussi, m'asseoir, et continuer les mots de la veille... C'est un beau chemin, celui que tu as tracé, et que tu traces... Et je suis tellement heureuse pour toi...<br /> Je t'embrasse.
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