Une parole érotique…
J’aime nos moments de paroles (enfin, nos galipettes, d’abord, hein ? et nos paroles ensuite, hein, bon, fleur bleue, ok, mais bon, pas la peine non plus de mentir). Qu’elles soient parlées, écrites, comportementales, nos paroles circulent entre nous, avec le respect de l’autre et cette capacité que nous avons tous les deux d’attendre d’avoir quelque chose à dire pour le dire, ne faisant pas de tous les sujets des sujets importants, n’abordant pas les sujets importants sans le fond nécessaire pour que le débat avance, pour que nous avancions, n’hésitant pas à réfléchir ensemble, dissociant les paroles insouciantes de tous les jours, de la vie et du rire, des paroles intimes.
Des mots intimes que l’on se donne, que l’on se doit, en toute liberté.
J’aime avec elle, parler de notre projet de famille (de ses filles donc), de nos baises, de notre mariage, de nos familles, de nos aspirations, de nos freins, de nos blocages, de nos caractères, de nos blues, de nos fatigues ou de nos stress, de notre futur, de la société, de nos valeurs, de nos secrets, de nos croix intérieures… tout cela sans qu’il soit question d’une quelconque mise en cause ou d’un moindre jugement.
Le “je vais dire ça, comme ça il/elle comprendra ça, et du coup se sentira obligé de faire ça, et me donnera ça et alors je pourrai le dire ça pour que…” est tellement éloigné de nous ! Nos paroles sont des dons, comme tout le reste.
On se questionne, quand on sent que cela ne va pas, quand les radars crépitent, sentant le gris, les nuages, l’ombre passer. Mais on ne force pas la réponse. La réponse est donnée, comme quelque chose de précieux, de valeur, dont il faut qu’on fasse quelque chose. Et j’aime que nos paroles suivent ce principe amoureux du don, du consentement, du cadeau… rendant tout cela, finalement, très érotique – au sens de charme, de fragilité qui se montre, de sensibilité qui s’exprime, de désirs, d’attentes, de construction de l’autre avec soi.
Phin.