Mains posées...

 

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J’aime, infiniment – c’est le terme, poser ma main sur elle. Je pourrais opter pour, en un riche bouquet, égrainer le long chapelet des endroits de son corps ou des situations propices à désaltérer cette délicieuse soif, mais cette liste aussitôt dressée serait immédiatement incomplète tant elle s’augmente, sans jamais se diminuer, de variations et de trouvailles croyez-moi aussitôt saisies, des plus anodines aux plus inattendues, des plus privées aux plus publiques, des plus tactiles aux plus suggérées ou dites. A quoi bon essayer de piéger une envie qui se réinvente au fur et à mesure de ses permissions, de ses surprises, de mes audaces ? A quoi bon essayer de figer cette pulsion de vie qui s’exprime, enfin ?

 

Je préfère vous entretenir de l’une d’entre elles, délicieuse entre toutes, non pas que je la préfère aux autres, toutes à mes yeux ont cette saveur mélangée de fierté d’homme, d’extase d’orgueil, de gourmandise intense, d’incrédulité de rêveur, de peur de riche et de promesses tenues, non pas qu’elle soit plus osée que les autres, mais disons qu’elle a le charme particulier d’être si simple - si simple qu’à la plupart d’entre vous, elle semblera indigne d’un article et d’une lecture - , et pourtant si puissante. Tout est justement dans cette dualité, qui n’a de sens et de goût que parce que c’est elle, que parce que c’est moi.

 

Découvrons.

 

Alors que nous allons dormir, que nous dormons, ou que nous venons de dormir, nus (j’aime sa féminité qui lui dicte de dormir en pyjama seule, et nue en ma présence), je me mets à la chercher d’une main, tâtonnant, avec douceur, pour la toucher. Je ne saurais pas vous expliquer clairement ce qui fait que cette envie, permanente depuis les premières secondes (et depuis les premières secondes satisfaite, fût-ce par le truchement de frôlements), permanente à en habiter mon sommeil, déborde au point de motiver un passage à l’acte…

 

Peut-être la proximité offerte et tentante – si un jour, un seul, tentation doit prendre sens, c’est là, dans ce participe présent – de son corps alangui à mes côtés. Peut-être son sommeil, feint, commençant ou réel, qui fait disparaître le risque de lire dans ses yeux cette ombre ténue, fugace, que fait un « pas maintenant » quand il s’en va. Peut-être l’obscur besoin de faire acte de propriété. Peut-être aussi  la force que cela me donne de la savoir là, de l’autre côté de ma peau…

 

Quoiqu’il en soit, je la cherche d’une main tremblante et décidée, comme la première fois, avec toute la politesse de mon respect d’elle et toute la hardiesse de mon envie. Je sais qu’elle va me sentir, peut-être se réveiller, sans forcément me le montrer ; il est important pour moi qu’au simple contact, elle sente ma bienveillance, ma gourmandise, mon respect, mon désir impératif, quelque soit l’endroit du contact, qu’elle sache au-delà de l’état de conscience dans lequel elle se trouve, que c’est moi, le moi entier, corps et âme, homme et bête, qui la touche, volontairement.

 

Arrivée à destination, bien vite instruite du lieu d’atterrissage (je connais chaque point de chute comme autant de trésors cartographiés, jalousement, du regard et du toucher), ma main se fait plate et souple, suiveuse, pour ne pas dire épouse, des formes qu’elle trouvera dans son voyage, de ce point de contact premier jusque sur le joufflu de ses fesses. J’entends, oui, les esprits courts et secs, se gausser de ce joufflu posé là, ne voyant pas au-delà, le choix amoureux de ce mot, pour dire cette partie du haut de la fesse, entre le latéral de la hanche et le postérieur de la fesse, entre le bas de la fesse et le haut des reins, rivage grand comme une main, à peine, une petite zone absolue de féminité, de douceur et d’évocation, que ma main cherche comme oasis d’ombre, d’eau fraîche et de repos, pour supporter, pour calmer, le feu d’un désir qui vit, entre picotement et brûlure (marquant ainsi non pas une position unique mais un intervalle entre les extrémités (comprises) duquel il se conjugue).

 

Alors, sur ce point culminant, sinon en altitude, au moins en intensité, ma main s’immobilise, se tapit, se pose, et la douce sensation d’être alors à la fois le plus chanceux des hommes, le plus riche des rois, le plus grand de conquérants s’insinue en moi, pour quelques secondes d’orgueil, en secret… C’est pêcher, mais on s’en fout, que d’être content à ce point là, de ce (ce c-e, c’est important) toucher là, qui bien que sage, encore qu’il faille qu’elle soit nue pour être possible, a les saveurs d’un péché mortel, que l’on fait en bravant le sort, le hasard, la vie même, oubliant quelques secondes que cette chienne de vie peut reprendre cela, quand elle veut… Alors ces quelques secondes, simples au regard du commun, je les vis de toute mon âme, de tout mon corps… ébloui de recevoir là où d’autres pens(er)aient prendre.

 

Phin.

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